Biométhane, hydrogène, CO₂… Tour de France de la transition gazière

Quelle région française voit sa consommation de gaz le plus diminuer ? Quelle est celle qui produit le plus de biométhane ? Ou celle qui roule le plus au bioGNV ? Découvrez le panoramique régional NaTran du Bilan gaz 2024.
Comme notre dernier Bilan gaz l’a révélé, la consommation de gaz en France a reculé, en 2024, de 5,5 % sur un an. En parallèle, la dynamique autour des gaz renouvelable s’est confirmée, avec 11,6 TWh de biométhane injectés dans les réseaux, soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Ce sont 2,4 TWh de plus qu’en 2023.
Savez-vous qu’en matière de consommation gazière ou de production de gaz renouvelables, chaque région possède ses particularités et ses points forts ? Tour de France des régions dans lesquelles NaTran est engagé.
Grand Est, le champion de la méthanisation
Avec 127 sites de méthanisation, dont la capacité de production a atteint 2,7 TWh (+6%), le Grand Est conserve en France la première place au sein de cette filière d’énergie renouvelable. Sa production représente 19,7% de toute la production nationale de biométhane ! Grâce à ces installations, 5,2% de la consommation totale de gaz dans la région est aujourd’hui assurée par le biométhane, bien plus que la moyenne nationale (3,8%).
En parallèle, le développement de projets transfrontaliers de transport d’hydrogène se poursuit dans la région. Parmi eux, mosaHYc, entre le Grand Est et les territoires frontaliers d’Allemagne et du Luxembourg, est en phase de procédure d’obtention des autorisations administratives, après la décision d'investissement prise par NaTran en avril 2024.
La Bretagne, première consommatrice de biométhane
Grâce au développement de la méthanisation et à une consommation de gaz plus faible que la moyenne, la Bretagne se hisse au 1er rang national en matière de consommation de gaz renouvelable : ce dernier couvre près de 6% de la consommation régionale de gaz. La méthanisation est en plein essor : en 2024, 93 sites en service ont injecté 23% de biométhane de plus qu’en 2023 dans les réseaux !
Normandie : plus forte croissance de la filière méthanisation
La région normande affiche la plus forte dynamique en matière de méthanisation, puisque sa capacité de production de biométhane a bondi de 43% l’an dernier, pour atteindre 1,2 TWh. Et cela devrait se poursuivre, puisque 136 projets sont enregistrés actuellement dans le registre de capacité (+15% par rapport à fin 2023).
L’Ile-de-France, vitrine de la mobilité au bioGNV
Avec 1,45 TWh de (bio)GNV consommé en un an, l’Ile-de-France est la championne de consommation de biogaz carburant. Le GNV (gaz naturel véhicule) utilisé en région francilienne est de plus en plus renouvelable : la consommation est désormais assurée à 83% par du bioGNV, issu du biométhane ! L’Ile-de-France est également bien maillée pour les usagers, avec 51 points d’avitaillement, dont 42 stations publiques.
Les futurs réseaux de transport d’hydrogène et de CO2 se préparent aussi dans la vallée de la Seine. Dans le cadre de l'appel à projets « Hydrogen Valley » lancé par l'Union européenne, NaTran fait ainsi partie du consortium mobilisé pour étudier la faisabilité d'un projet d'infrastructures hydrogène entre la Normandie et l'Ile-de-France.
Hauts-de-France : recul de la consommation des centrales électriques à cycle combiné gaz
L’an passé, les Hauts-de-France ont vu leur consommation de gaz baisser de 12%, la deuxième plus forte baisse régionale. Cause numéro un ? Une très faible utilisation des trois centrales électriques à gaz installées dans la région (-67% par rapport à 2023). Côté biométhane, la région reste sur la deuxième marche du podium français, avec une capacité de production de 2,3 TWh, issue de 100 sites de méthanisation. Elle grimpe de 8% en un an.
La région se positionne aussi comme l’un des fers de lance de la décarbonation industrielle en France. Pour l’accompagner, NaTran a lancé en 2024 les études d’ingénierie de base du projet de transport d’hydrogène DHUNE, dans la zone industrialo-portuaire de Dunkerque. Quant au projet DKHARBO, porté par NaTran et son partenaire norvégien Equinor, il a obtenu des subventions CEF (Connecting Europe Facility) de la part de l’Union européenne ; cet ouvrage connectera à l’horizon 2030 les sites industriels captant leur CO2, aux sites de stockage ou de valorisation du CO2.
Centre-Val de Loire : 12 rebours en projet
La production de biométhane continue sa belle progression en région Centre-Val de Loire, avec 43 sites en service injectant dans les réseaux. Pour accueillir cette production locale en constante augmentation et préparer l’avenir, de nombreux postes de rebours* vont voir le jour. La région en compte 3 aujourd’hui, mais NaTran projette d’en construire 12 nouveaux.
* Le rôle d’un rebours est de comprimer le gaz en excès dans les zones de distribution locale pour le rediriger vers le réseau de transport. Il est particulièrement utile lors des périodes estivales durant lesquelles les consommations locales deviennent insuffisantes pour absorber la production de biométhane.
Pays de la Loire : le cap du TWh de biométhane tout proche
Ici aussi, la filière méthanisation poursuit sa croissance, avec 8 nouveaux sites de méthanisation mis en service en 2024. Les 62 sites actifs ont injecté 951 GWh dans les réseaux. Et comme en Centre-Val de Loire, NaTran développe en Pays de la Loire plusieurs projets de rebours pour préparer cette transition : les Pays de la Loire en comptaient 4 en service à fin 2024, mais 8 nouveaux sont en projet, dont trois avec une mise en service prévue en 2025.
Dans la région, NaTran participe aussi à la décarbonation des industries au travers du projet GOCO2, qui a franchi des étapes importantes. Reconnu Projet d’Intérêt Commun (PIC) par la Commission européenne, il a obtenu des fonds européens pour soutenir les études d’ingénierie de base. GOCO2 consistera à déployer, d’ici à 2030, près de 400 km de réseaux pour transporter du CO2 capté issu de l’industrie du ciment et de la chaux, en vue de sa valorisation ou de son stockage géologique.
La Nouvelle-Aquitaine accélère sur les gaz renouvelables
La production de biométhane en Nouvelle-Aquitaine a dépassé la barre du TWh pour atteindre 1,1 TWh en 2024 (vs. 0,9 TWh en 2023). Si 65 sites de méthanisation représentent aujourd’hui une capacité annuelle de 1,42 TWh, 71 projets supplémentaires recensés pourraient permettre d’atteindre une production annuelle de 3 TWh d’ici 3 ans environ. Côté mobilité, le (bio)GNV confirme, comme dans d’autres régions, sa place de leader parmi les carburants alternatifs pour la mobilité lourde. La Nouvelle-Aquitaine compte 34 points d’avitaillement publics à fin 2024.
En Bourgogne-Franche-Comté, la plus grande unité de méthanisation agricole
La région a vu en septembre 2024 l’inauguration de la plus grande unité de production de biométhane d'origine agricole en France : Sécalia. Lancée par la coopérative Dijon Céréales et Nature Energy, elle possède une capacité de production annuelle de 230 GWh, soit 20% des besoins en gaz de Dijon Métropole ! Cette mise en service illustre le solide potentiel de la filière méthanisation en Bourgogne-Franche-Comté.
Auvergne-Rhône-Alpes : une grande ambition pour 2030
Si la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) ne fait pas encore partie des principales régions productrices de gaz renouvelable, la donne pourrait changer à l’avenir. L’objectif régional de 5 TWh à l’horizon 2030 est l’un des plus ambitieux. Sans oublier qu’AURA regroupe déjà 23% des emplois des entreprises spécialisées des gaz renouvelables et bas-carbone. Les talents sont là.
Dans la région, NaTran prépare aussi les infrastructures gazières de demain, notamment comme partenaire du projet européen IMAGHyNE qui vise à accélérer la production d’hydrogène pour décarboner l’industrie et la mobilité. Un réseau de 40 kilomètres d’infrastructures de transport d’hydrogène est actuellement à l’étude entre l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry et la Vallée de la Chimie, connecté à terme à la dorsale HY-FEN.
Provence-Alpes-Côte-d’Azur : la plus forte baisse de consommation
La consommation régionale de gaz a chuté de 15% en 2024 en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le plus fort recul observé en France ! Cette diminution s’explique ici aussi en très grande partie par une moindre sollicitation des centrales électriques à gaz. Si la région est moins propice à la méthanisation agricole, elle n’a pas dit son dernier mot en matière de production de gaz renouvelable ! Sept projets de méthanisation sont déjà engagés, principalement autour du traitement des boues de stations d’épuration.
En PACA aussi, NaTran entend faire avancer la décarbonation industrielle, en portant dans la région plus de 250 km de projets de réseaux de transport d’hydrogène, avec HYnframed et HY-FEN, sans oublier BarMar, qui reliera la péninsule Ibérique à la France et ainsi au reste de l’Europe.
Quelques Top 5 des bilans gaz régionaux 2024
Consommation totale de gaz (TWh) :
- Île-de-France : 57,6
- Grand Est : 52,9
- Hauts-de-France : 47,7
- Normandie : 38,2
- Auvergne-Rhône-Alpes : 38
Capacité de production de biométhane (TWh) :
- Grand Est : 2,7
- Hauts-de-France : 2,3
- Normandie : 1,2
- Île-de-France : 1,2
- Nouvelle-Aquitaine : 1,1
Part du biométhane dans la consommation régionale de gaz :
- Bretagne : 5,9%
- Grand Est : 5,2%
- Pays de la Loire : 5,4%
- Nouvelle-Aquitaine : 4,8%
- Hauts-de-France : 4,8%
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Bilan gaz 2024 et transition énergétique
