Concertation préalable GOCO₂: un projet clé pour la décarbonation du Grand Ouest
La lutte contre le changement climatique exige des industriels qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre. Or, certains procédés génèrent inévitablement du CO₂. Pour traiter le CO₂ résiduel (dit « fatal »), après mise en place des autres leviers de réduction, une solution existe : son captage puis son stockage géologique. C’est dans ce contexte qu’est né le projet GOCO₂, pour « Grand Ouest CO₂ », qui réunit un consortium d’industriels et d’acteurs de l’énergie, dont NaTran. Une concertation publique se tient jusqu’au 19 décembre 2025.
Initié en 2021, GOCO2 est un projet d’envergure de décarbonation des industries du Grand Ouest couvrant plusieurs départements : les Deux-Sèvres, la Mayenne, le Maine-et-Loire, l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique. Il s’appuie sur un projet de transport de CO2 par canalisation qui sera opéré par NaTran, long d’environ 375 km, qui acheminera du CO2 issu de plusieurs sites industriels régionaux jusqu’au terminal d’Elengy, à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Sa mise en service est prévue à l’horizon 2031.
« L’histoire de GOCO₂ a débuté à l’initiative d’industriels locaux fortement émetteurs de CO₂ qui ont sollicité NaTran pour chercher des solutions afin de limiter leurs rejets de CO₂ dans l’atmosphère. »Laurent Muzart
Chef de Projets de Développement H₂-CO₂ chez NaTran
Les origines du projet
« L’histoire de GOCO₂ a débuté à l’initiative d’industriels locaux fortement émetteurs de CO2 qui ont sollicité NaTran pour chercher des solutions afin de limiter leurs rejets de CO2 dans l’atmosphère. Notre rôle a d’abord été de les écouter et de comprendre leurs besoins et leurs enjeux industriels associés », explique Laurent Muzart, Chef de Projets de Développement H2-CO2 chez NaTran.
Rapidement, NaTran imagine la possibilité de créer une infrastructure dédiée. « Nous avons décidé de mettre nos savoir-faire gaziers historiques au service de la construction d’une chaîne complète de capture, de valorisation et de stockage du CO₂ », précise Laurent Muzart.
En quoi consiste GOCO₂ ?
Le projet GOCO2 s’inscrit dans la logique CCUS (carbon capture, utilisation and storage), qui vise à capter, valoriser et stocker le CO2. Il s’agit d’une solution de décarbonation pour le CO2 « fatal », c’est-à-dire le CO2 incompressible rejeté par le procédé industriel lui-même, indépendamment de son alimentation en énergie.
Une fois capturé auprès d’industriels émetteurs, le CO2 est transporté pour alimenter des usages spécifiques d’autres industriels (en particulier la production de carburants de synthèse ou de produits dérivés) ou, une fois liquéfié au terminal Elengy de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), pour rejoindre par voie maritime des stockages géologiques permanents sous le plancher océanique.
La technologie CCUS et sa variante CCS (carbon capture and storage, qui n’inclut pas de valorisation du CO2 capté) n’ont pas vocation pour autant à se substituer aux autres leviers de décarbonation. « Il s’agit d’une solution complémentaire reconnue par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour atteindre la neutralité carbone et qui concerne le CO₂ subsistant après que les industriels ont mis en place toutes les mesures possibles de réduction », souligne Laurent Muzart.
Quels sont les objectifs de GOCO2 ?
L’infrastructure est dimensionnée pour transporter 2,2 millions de tonnes de CO2 à l’horizon 2031, soit l’équivalent des émissions de la métropole de Nantes, participant à l’atteinte des objectifs de décarbonation nationaux et européens.
Du point de vue des territoires, GOCO2 permettra par ailleurs de pérenniser certaines activités industrielles et d’attirer de nouveaux acteurs à la recherche de solutions de décarbonation.
Quel est le tracé du projet GOCO₂ ?

Le tracé définitif sera déterminé à l’issue des études en cours, en tenant compte également des concertations avec les parties prenantes et le public.
Pour le transport terrestre du CO2, plusieurs options sont à l’étude afin d’identifier le tracé le plus adapté. L’objectif est de réduire au maximum les impacts sur l’environnement et sur les structures existantes (habitat, terres agricoles, infrastructures), tout en optimisant la faisabilité technique du projet et en garantissant la sécurité et la fiabilité de l’ouvrage à long terme.
Qui fait quoi dans GOCO₂ ?
- Les industriels émetteurs. Il s’agit de cimentiers et producteurs de chaux : Heidelberg Materials France, Lafarge Ciments et Lhoist. Ils trouvent dans GOCO₂ une solution concrète pour atteindre leurs objectifs de décarbonation et respecter leurs obligations réglementaires à horizon 2030-2050, en complément des actions de réduction des émissions déjà mises en œuvre ou programmées.
- NaTran : en tant qu’opérateur national de transport de gaz, NaTran se positionne comme la « cheville ouvrière ». Le groupe apporte ses compétences d’ingénierie, de construction, de pilotage et d’exploitation d’infrastructures complexes.
- Elengy : ce leader des services de terminaux méthaniers en Europe (également filiale de NaTran) met à disposition son expertise pour le traitement, la liquéfaction et le chargement du CO₂ sur les navires en vue de son transport par voie maritime vers des sites de stockage géologique permanent.
Également soutenu par RTE, ce projet d’intérêt public a reçu le soutien de la Région des Pays de la Loire et du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN). Il fait partie de la démarche Loire Estuaire Décarbonation, lauréate de l’appel à projet ZIBAC (Zones Industrielles Bas Carbone) de l’ADEME.
Labelisé Projet d’Intérêt Commun (PIC) par l’Union européenne en 2024, GOCO₂ bénéficie de subventions européennes dans le cadre de l’appel à projets Connecting Europe Facilities (CEF), permettant de financer une partie des études d’ingénierie.
GOCO₂ : une chaîne ouverte appelée à grandir
S’il est aujourd’hui porté par un consortium, le projet a été conçu pour accueillir de nouveaux acteurs dans le futur. « Si nous construisons une infrastructure, elle doit bénéficier à l’ensemble des industriels qui souhaitent s’y raccorder. C’est un principe d’équité que nous plaçons au cœur du projet », explique Laurent Muzart.
« Biométhane, hydrogène, CO₂… Nous travaillons sur tous les leviers de la transition énergétique. Notre mission est claire : faire en sorte que nos infrastructures transportent demain des molécules toujours plus décarbonées. »Amaury Mazon
Délégué Territorial Centre Atlantique de NaTran
Le rôle central de NaTran dans GOCO₂
Pour NaTran, GOCO₂ illustre pleinement sa stratégie de développement : accompagner la décarbonation des énergies et des industries en France et en Europe. « Biométhane, hydrogène, CO₂… Nous travaillons sur tous les leviers de la transition énergétique. Notre mission est claire : faire en sorte que nos infrastructures transportent demain des molécules toujours plus décarbonées », rappelle Amaury Mazon, Délégué Territorial Centre Atlantique de NaTran.
Dans GOCO₂, NaTran met au service du collectif ses compétences et ses savoir-faire, en respectant un principe clé : traiter chaque émetteur de manière équitable et non discriminatoire. En interne, ce sont des équipes aux compétences variées – ingénierie, commercial, juridique, finances, territoires – qui coopèrent pour voir sortir et faire vivre le projet.
La concertation préalable : une étape décisive
Conscients de l’importance de donner au public une vue d’ensemble des opérations et soucieux de recueillir leurs avis et leurs questions, les partenaires ont saisi la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui a décidé d’organiser une concertation préalable, au regard des spécificités multiples du projet.
Celle-ci, débutée le 29 septembre, s’achèvera le 19 décembre 2025. Cette étape, prévue par le Code de l’Environnement, doit permettre de présenter le projet et ses enjeux dans les territoires concernés, d’éclairer les choix techniques des maîtres d’ouvrage, mais surtout de construire la confiance.
« Le tracé de la canalisation n’est pas figé. La concertation va nous permettre de l’affiner avec l’apport des collectivités, associations, usagers, riverains et citoyens. C’est un moment clé d’information et de dialogue », explique Laurent Muzart. La concertation sera aussi l’occasion d’apporter toutes les réponses aux préoccupations éventuelles des citoyens et décideurs publics.
En parallèle de la concertation préalable, une première phase d’ingénierie de base vient d’être lancée. Il faut dire que le calendrier du projet est ambitieux : une décision d’investissement en 2028, pour une construction en 2029-2030 et une mise en service à l’horizon 2031. « GOCO₂ illustre parfaitement notre ambition : conjuguer savoir-faire industriel, innovation et transparence pour accompagner la France et l’Europe sur le chemin de la neutralité carbone », conclut Amaury Mazon.
Ce projet est cofinancé par l'Union européenne :

Ce projet a été financé par l'État dans le cadre de France 2030 opéré par l’ADEME pour la phase d’étude de faisabilité.

Plus d’informations sur GOCO₂ et la concertation préalable
[Vidéo] Présentation du projet GOCO₂
En savoir plus sur le transport de CO₂ et le CCUS