Développement de la méthanisation en France : le rôle clé des rebours

La méthanisation est la filière de production de gaz renouvelable et bas-carbone la plus mature en France. Son principe est simple : transformer des déchets organiques (effluents d’élevage, résidus agricoles, biodéchets, etc.) en biogaz qui, une fois épuré, devient du biométhane injectable dans les réseaux gaziers, notamment le réseau de transport de NaTran.

La capacité installée de production de biométhane a dépassé les 15 TWh à la mi-2025. La France comptait plus de 795 sites de méthanisation raccordés aux réseaux à la fin 2025, un chiffre qui continuera à augmenter dans les années à venir.

Il arrive toutefois que la production locale de biométhane soit supérieure aux besoins territoriaux, en particulier l’été et dans les zones peu densément peuplées. Il a fallu trouver une solution pour permettre de valoriser ces surplus et éviter aux unités de méthanisation de limiter voire de stopper provisoirement leur production.
    
Cette solution, ce sont les stations de rebours.

Une station de rebours est une petite station de compression qui s’active automatiquement afin de capter le biométhane produit en excès dans un territoire et le rediriger via le réseau de transport vers :

• Des zones de consommation plus éloignées et plus importantes (des zones urbaines, des sites industriels) ;
• Des zones de stockage pour des besoins futurs, l’hiver par exemple.

Les rebours tiennent leur nom du fait qu’ils inversent le flux historique du gaz (qui va habituellement du réseau de transport vers le réseau de distribution). La station comprime les surplus de biométhane circulant dans le réseau de distribution pour pouvoir les injecter dans les canalisations à haute pression du réseau de transport de NaTran. Le réseau devient grâce à eux bidirectionnel.

Par leur action, les rebours garantissent aux producteurs de biométhane d’un territoire un débouché permanent à leur production. Ils sont pour cette raison des éléments clés du développement de la filière méthanisation en France. Ils évitent en effet le gaspillage d’un gaz renouvelable local et optimisent son usage à l’échelle nationale, dans un contexte de baisse continue de la consommation de gaz naturel.

Les rebours sont donc de discrets mais efficaces accélérateurs de la transition énergétique gazière.

Une station de rebours, comment ça marche ?

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En sécurisant les débouchés des unités de méthanisation, les rebours :

• Soutiennent l’activité agricole et la diversification des revenus pour les exploitants ;
• Favorisent la création d’emplois dans les filières locales de collecte, de traitement et d’exploitation ;
• Consolident l’indépendance énergétique des territoires ;
• Contribuent à l’économie circulaire, en valorisant localement les déchets organiques.

En tant qu’opérateur majeur du transport de gaz en France engagé pour la transition énergétique, NaTran déploie et pilote un maillage stratégique en expansion de rebours sur l’ensemble de son territoire. Ces stations s’intègrent dans une vision d’ensemble de la filière méthanisation, au croisement des enjeux énergétiques, environnementaux et territoriaux.

NaTran accompagne les acteurs locaux - collectivités, producteurs de biométhane, industriels, opérateurs de la distribution - dans la définition des besoins, la conception et la mise en service des rebours, tout en garantissant leur interconnexion au réseau national.

Ces actions permettent de fluidifier les flux de biométhane mais aussi de soutenir la montée en puissance de la filière, qui s’est fixé pour objectif d’atteindre 44 TWh de production de gaz renouvelables en 2030.

Une innovation : des rebours « transport-transport »

Pour accompagner l’essor de la filière méthanisation, NaTran développe également un nouveau type de rebours capables de relier différentes sections de son réseau de transport. Ces rebours dits « transport-transport » verront leur premier exemplaire inauguré en juillet 2026 dans les Côtes-d’Armor.

Dans les zones non couvertes par les réseaux de distribution, ces rebours constituent de véritables leviers de développement pour la filière. Associés à la création d’extensions du réseau de transport— grâce à des canalisations en polyéthylène (PE), dans lesquelles le gaz circulera à plus basse pression —, ils permettront à NaTran de développer de nouvelles offres de collecte de biométhane là où elles n’existaient pas encore.

Un développement raisonné, en phase avec les besoins

NaTran, l’un des leaders mondiaux dans le développement des rebours, agit de façon raisonnée tant en termes d’implantations que de coûts, sous le contrôle de la CRE (Commission de régulation de l’énergie), garante de cet équilibre.

« La décision d’investir dans la construction de nouveaux rebours repose sur un processus rigoureux : concertation avec les distributeurs, définition d’un zonage de raccordement, puis validation par la CRE, qui s’assure de la pertinence de chaque projet lors de la phase d’études, puis de réalisation du rebours », détaille Céline Heidrecheid, Directrice gaz renouvelables chez NaTran.

Le 3 septembre 2025, la CRE a ainsi validé pour NaTran le lancement de la phase de réalisation pour 11 projets de rebours et le lancement de la phase d’études pour 8 nouveaux projets.

Des coûts contrôlés ont par ailleurs permis à NaTran au fil du temps de les diminuer de façon significative. Le coût d’installation entre le premier rebours, mis en service en 2019, et les plus récents, est passé de 3 millions d’euros à 2,5 millions d’euros.

Eco-conception et intégration environnementale

Au-delà des actions de performance économique, l’entreprise a initié en parallèle une démarche d’éco-conception et de performance environnementale sur l’ensemble du cycle de vie de ses rebours.

Celle-ci porte sur deux thématiques : la réduction de l’impact environnemental des rebours et celle de leur empreinte carbone tout au long de leur durée de de vie.

Sur le premier volet, la protection de la biodiversité de la faune et de la flore locales devient un enjeu majeur dans le développement de nos rebours dans des territoires souvent ruraux. Cela passe par des actions très concrètes d'aménagement paysager : enherbement et végétalisation à partir d'essences locales, désartificialisation de sols, mise en place de revêtements perméables et innovants, réduction de l'emprise foncière…

Depuis 2018, la mise en service de rebours connaît une forte accélération. À fin septembre 2025, 33 rebours étaient en service sur le réseau de NaTran, et 45 en cours de réalisation ou en phase d’étude. Le développement soutenu des rebours va se poursuivre, avec plus de cent rebours prévus en France à l’horizon 2030 pour accompagner et sécuriser le développement de la méthanisation.

Leur localisation est visible en temps réel sur la carte ODRE – Open Data Réseaux Énergies.